Allemagne:  tous étaient au courant !

Subitement les politiques allemands veulent faire le ménage dans les abattoirs, et sur le champ ! Tous trouvent la situation « effrayante », selon le mot choisi par la Chancelière ! Mais tous étaient au courant depuis au moins une décennie de l’existence des travailleurs détachés dans les abattoirs, des concessionnaires exploiteurs de ce type très douteux d’externalisation du travail.

Tous étaient au courant des prix du dumping sur les viandes offerts grâce à cette sous-évaluation de la main d’œuvre. On est tout simplement devant l’une des grandes hypocrisies de cette filière allemande… mais elle est loin d’être la seule !

Sans vouloir remonter trop loin, rappelons qu’en juillet 2014 la branche viandes a signé un code de bonne conduite, et d’autocontrôle, en s’obligeant à respecter les standards sociaux en vigueur, pour le travail et dans les logements des travailleurs détachés.

Les six grands industriels de la viande l’ont signé pour tous, devant le ministre de l’économie de la même grande coalition, sous conduite de la même chancelière.    Résultats : zéro.

En septembre 2015, la branche a signé un engagement volontaire contre le dumping social. Selon cet engagement tous les salariés auraient dû être engagés directement par les entreprises, et rejoindre d’ici juillet 2016les régimes sociaux en vigueur en Allemagne. Tous les grands l’ont signée, et les ministres se sont glorifiés « d’un pas de géant ».
Résultats : pas grand-chose

En 2017 le Bundestag a voté un texte de loi pour garantir les droits des salariés dans l’économie de la viande, toujours sous le règne de la même Angela Merkel, chancelière depuis 2005.
Résultats : nuls

Et puisque ce douloureux dossier est ouvert, on pourrait aussi vérifier le nombre de revendications des syndicats de salariés au sujet de ces situations. On citera à nouveau les protestations et réclamations venant de France, de Belgique ou du Danemark adressées au gouvernement allemand ou à la Commission européenne.

Les gouvernants européens protestent depuis des années à Bruxelles à ce sujet, dénonçant les distorsions de concurrence, le dumping salarial, les conditions de travail et de logement injustifiables. Le plus insupportable est que l’on fasse maintenant comme si, tout d’un coup, il s’était créé une situation nouvelle sous les coups du virus.

Certaines productions végétales ne sont pas à l’abri de ces mêmes mises en cause. Par exemple pour les fraises ou les asperges, dont les filières ont recours à ce même type de main d’œuvre. Au nom des grands principes du libéralisme économique, on les entend en ce moment proclamer que l’Etat ne doit surtout pas se mêler de tout çà, et que seuls des engagements volontaires et des autocontrôles peuvent être acceptés.

Pour les grandes affaires de l’Europe, il en va de même. La Cour suprême constitutionnelle de Karlsruhe entre en conflit avec la Banque Fédérale Européenne, comme si les pères de la Constitution allemande avaient tout prévu déjà en 1946, à la sortie de la dernière guerre mondiale, quand on a élaboré la constitution de la RFA !
Les observateurs français sont certes un peu exacerbés par ces prises de positions, mais les critiques allemandes deviennent plus nombreuses et plus audibles, contre l’influence prépondérante de quelques grands intérêts économiques.

Antoine Muller