wojJanusz Wojciechowski, le Commissaire à l’Agriculture, vient de formuler des « recommandations » pour l’élaboration des plans stratégiques nationaux. Celles-ci montrent bien qu’à Bruxelles et à la Commission, on ne renonce pas à injecter les objectifs du programme « Farm to Fork » dans l’application de la nouvelle PAC. Et ceci bien que les objectifs de réduction d’intrants agricoles ne fassent pas partie de la réforme PAC.

Le Commissaire polonais affirme, lui, que ces objectifs doivent être pris en considération dans les plans stratégiques des Etats.

En d’autres termes les Etats doivent veiller à ce que jusqu’en 2030 les produits de traitements diminuent de -50 %, les engrais de -20 %, les antibiotiques de -50 %, et que l’agriculture bio se pratique sur 25 % de la surface agricole. C’est bien sur ces bases que les recommandations de la Commission faites aux Etats pour l’application de la réforme de la PAC ont été élaborées.

Mais dans le paquet qui vient d’être rendu public, la Commission évite des positions radicales, et ne décline pas ces chiffres en objectifs nationaux mesurables comme certains l’exigeaient. Elle constate la situation actuelle de chaque Etat par rapport à six objectifs. On en déduit évidemment les domaines dans lesquels la Commission attend des progrès dans chaque Etat. 

Prenons par exemple l’Allemagne, où les discussions s’engageant maintenant en France, comme dans tous les Etats.
Pour le facteur « produits de traitements », l’Allemagne est dans la moyenne européenne. Pour les antibiotiques elle est même en dessous de la moyenne ; en bio elle est à 7,3% contre une moyenne UE de 8%, mais très loin des 25 %, objectif 2030.

Sur la base de ces constats la Commission constate qu’en Allemagne il faut agir sur le stockage et l’épandage des fumures de fermes pour ne pas rater l’objectif de réduction d’azote. La Commission estime qu’il faut quelle agisse sur le rétablissement des tourbières, marais et zones humides pour utiliser le potentiel de fixation du carbone.

La Commission estime que les habitats, la faune et la flore en sites herbagers ne sont pas en bon état de protection, et se dégradent encore. Il faut des efforts de la part des agriculteurs et de l’Etat, y compris financiers, pour qu’au moins 10 % de la surface soit à forte biodiversité afin de stopper la diminution de la variété des espèces. Pour arriver aux 25% en bio en 2030, l’Allemagne doit augmenter les reconversions en passant par des stratégies de Länder. Il n’y pas de contrôle efficient de la pratique de protection intégrée des plantes.

Il faut des efforts supplémentaires dans d’utilisation des antibiotiques pour arriver à Farm to Fork, même s’il y a eu progrès. L’Allemagne doit diminuer la concentration des aides directes sur les grandes exploitations et augmenter celles de petites exploitations. Il serait souhaitable d’augmenter la valorisation agricole par plus d’orientations qualitatives et vers des produits locaux et régionaux.

Ces recommandations pour chaque pays, partent des constats de la situation, puis énumèrent des recommandations. La Commission entrera ensuite dans un dialogue « structurant » pour vérification de compatibilité des plans stratégique nationaux avec les recommandations, et pour approuver ces plans pour les éco-schèmes. A partie de 2023 ces plans stratégiques seront les documents nationaux d’application de la PAC réformée.  AM