ceu antunesPas de compromis sur la réforme PAC à l’issue de la réunion tripartite de Bruxelles. Maria do Ceu Antunes, la ministre portugaise qui préside jusqu’à fin juin, s’est déclarée très déçue. C’est bien le moins…

Les débats qui opposent « productivistes » et « protecteurs de l’environnement » sont bien sûr à l’origine immédiate de ce raté, mais les observateurs en sont maintenant certains ; quel que soit le compromis qui sera trouvé, il ne mettra pas fin à ces affrontements.

Norbert Lins, le président de la commission de l’agriculture du Parlement européen se montre lui aussi déçu de l’échec, en disant « qui veut un accord doit être prêt à des compromis ». La présidence du Conseil se montre plutôt déçue de constater que le Parlement n’approuve plus purement et simplement ses propositions, et le vice-président Timmermans en charge du Green Deal se montre franchement aigri. Quant au Commissaire Janusz Wojciechowski, il reste optimiste et pense qu’un accord est possible encore sous présidence portugaise avant fin juin.


Les principaux points d’achoppement :
- favoriser les premiers hectares : le Parlement veut 12 % des aides, le Conseil des ministres propose un compromis à 7,5 %
- éco-Schèmes : le Parlement veut 30 % des moyens du 1er pilier à partir de 2023, les Etat veulent 25 % avec deux ans de mise à l’essai.
- Conseil et Parlement regrettent que la Commission refuse tout encouragement pour les éco-schèmes qu’elle considère comme non conformes à l’OMC.
- jachère : les Etats veulent 3 % de surfaces non productives, le Parlement en veut 5% ; sur la table il y avait 3%, plus 2 % de cultures intercalaires.
- on n’est toujours pas d’accord sur la définition de l’agriculteur actif, seul bénéficiaire des aides directes.
- La composante sociale des aides fait encore débat. Il s’agit de sanctionner l’engagement au noir de saisonniers, et le non- respect du salaire minimum.
- Il n’y a pas d’accord non plus sur l’étendue des aides couplées et des nouveaux outils d’intervention sur les marchés en cas de crise, notamment pour le lait.

NDLR : en réalité les Etats se méfient de l’étendue de l’architecture verte de la future PAC et ils veulent limiter les ressources pour éco-schèmes et autres, ces éco-schèmes qui ne convainquent même pas les plus Verts ! Le Parlement ou la Commission peuvent toujours souhaiter certaines mesures, mais ensuite ce sont les ministres qui doivent les réaliser ! Du coup, ils ont le pied sur les freins.

Au Parlement et à la Commission, certains ne veulent toujours pas admettre qu’il est impossible de réaliser la politique du climat et d’environnement qu’ils préconisent avec cette réforme-là, qui a été engagée depuis longtemps et avec d’autres contraintes. Il n’y aura ni changement de système, ni réformes extraordinaires, et surtout il n’y aura aucune mesure prise sous la nécessité des politiques électorales !

Les agriculteurs ne sauront en fin de compte où ils en sont qu’avec les plans stratégiques nationaux, et encore quand ceux-ci auront été approuvés. D’ici là, les oppositions entre productiviste et protecteurs de l’environnement continueront, et continueront encore longtemps dans la perspective d’après 2027.

Et ce jusqu’à ce que l’on sache ce que sera réellement le Green Deal, dont certains qui en sont chargés veulent une réalisation immédiate, sans chiffrage, et par des moyens agricoles essentiellement car au moins, ceux-là, ils sont sous la main pour les sept ans du budget. AM

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François Landrieu

Fondateur de Socopag

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